IAGP 2

 

1. Présentation (1)

 

2. Présentation (2)

 

2. Présentation (3)

 

4. Témoignage

 

5. Après l'échec

 

6.Philatélie

 

 

 

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La mission I.A.G.P. 2 (1972 / 1973)     4/6

 

TEMOIGNAGE D'UN PARTICIPANT

Graphique de marche :

>> Détail du graphique de marche <<

Le programme I.A.G.P s’est poursuivi comme prévu initialement durant la campagne d’été 1972 / 1973.

 Il est prévu donc de reprendre les divers travaux du kilomètre 800 jusqu’à Vostok qui se trouve au kilomètre 1250.

 

Si l’équipe de scientifiques découvre le continent antarctique, l’équipe technique possède une expérience des raids. Marcel Renard a participé déjà à plusieurs raids au Nord et au Sud, Michel Bernard, (mécanicien), René Chappuis (Radio) et moi-même avons participé au raid au Groenland et en ce qui me concerne à la mise en place de IAGP I depuis le début (y compris l’accueil en novembre 1971) puisque j’effectuais l’hivernage de TA 21.

 Mais l’Antarctique n’est pas le Groenland. Les conditions climatiques plus difficiles, un terrain , une surface destructrice. Les 1600 km effectués par les HB 40 ont sérieusement entamé le potentiel de ces véhicules. Un phénomène imprévu viendra s’ajouter aux craintes. Les températures négatives plus importantes et jamais subies encore par les éléments de suspensions vont provoquer une altération des caractéristiques mécaniques des caoutchoucs des suspensions.

 Et c’est ainsi que nous verrons s’envoler nos espoirs d’effectuer une « première ». Première qui reste d’ailleurs à accomplir ! Mais ici nous ne sommes pas dans une compétition sportive et c’est la recherche qui fixe les programmes.

 Après le voyage habituel, Paris quitté le 23 octobre, Cologne, Delhi, Hong-Kong, Sydney, Christchurch, Mc.Murdo nous atterrissons le 2 novembre à 12 h 10 locale.

Une équipe de la campagne d’été fait partie du voyage. Paul-Emile VICTOR nous accompagne. Il restera d’ailleurs en Terre Adélie jusqu'à l’arrivée du Thala-Dan.

Certains membres de l’équipe de Mc Murdo nous accompagnent dont Bernard de Gerlache fils de Gaston de Gerlache (Année Géophysique). 

L’équipe d’hivernants sous la conduite de Robert Guillard est au rendez-vous et le matériel est déneigé. Il ne nous reste plus qu’à nous organiser pour partir le plus vite possible. Répartitions des charges, matériel scientifique, vivres, maintenance, carburant… Nous devons laisser certaines caisses de vivres dont le Beaujolais. Pour la petite histoire, je fais fi des consignes et à la barbe de tous, et surtout du chef,  je cache sous le plancher de mon véhicule autant de caisses de ce précieux breuvage que caisson peut en contenir. Lorsque j’ai posé les « canettes » le soir du réveillon sur la table, je pense qu’en période électorale j’aurais renversé la junte dirigeante ! Ce soir là j’étais le « chef » ! Nous quittons D-21 le 8 Novembre avec 2 jours d’avance sur le programme .

Mais la progression est plus lente que prévue. Nous perdons rapidement cette avance. Nous sommes bloqués par le mauvais temps et au bout de dix jours nous avons 100 km de retard. 

Les tempêtes hivernales ont façonné le névé de façon agressive. Des sastrugis de plus d’un mètre.

Nous constatons la détérioration  rapide des divers éléments des trains de roulement et en particulier du véhicule de tête qui ouvre la piste.

Nous nous arrêtons plusieurs jours à D 59, au km 200 près de l’épave du LC 130 , accidenté l’année précédente. 

De nouveau plusieurs jours de mauvais temps.  Puis au Km 400 nous stoppons dans l’attente de pièces détachées. Un parachutage est effectué dans des conditions climatiques pas du tout favorable. Malgré notre refus, vitesse du vent trop élevé, l’équipage largue sa charge. Impuissant nous voyons le parachute et la palette disparaître à l’horizon. Je convaincs Marcel de partir le plus rapidement possible suivre les traces laissées par la palette dans l’espoir que le parachute se dégonfle et stoppe sa course vers CASEY !

A deux véhicules nous partons et très rapidement nous commençons à récupérer, boulons, rondelles, radis, rosbif, pièces en tout genre pour finalement tomber sur le parachute, à plat et qui commence à s’enneiger. Incroyable mais vrai nous récupèrerons TOUT même les œufs qui se sont cassés et qui nous attendent comme des œufs au plat, y compris le paquet de courrier.

Nous retournons au camp où nous attendent incrédules les camarades. L’équipe de gourmets habituelle se met à la cuisine et nous dégustons un repas de seigneurs, arrosé du cru « Beaujolais Clandestin ». Plusieurs jours sont nécessaires pour effectuer les réparations. Puis nous recevons l’ordre de rebrousser chemin. Nous ne verrons jamais Vostok. Nous arrivons le 20 février à D 10. Plusieurs jours seront nécessaires pour descendre le matériel à Cap Prud’Homme.

A noter que jamais la solution n’a été trouvée pour palier à la dégénérescence du caoutchouc . La seule solution trouvée a été de remplacer systématiquement les essieux des véhicules et des les reconditionner en France. D’autres raids seront effectués durant les années 70 et 80.

La route vers Concordia est ouverte.

Georges Gadioux

 

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