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Sur la proposition des Américains, et compte tenu des énormes progrès réalisés dans les techniques d'observations et de mesures, le Conseil International des Unions Scientifiques a décidé d'organiser une année géophysique internationale en 1957 / 1958. Cette période n'a pas été choisie par hasard, elle correspond à une période d'activité maximale du soleil, qui a une période de onze ans. En réalité, cette "année" durera dix-huit mois, de juillet 1957 à décembre 1958. L'idée principale est de combiner les observations et recherches simultanées de nombreux sites d'observation, ce qui doit permettre d'obtenir une vue globale des phénomènes terrestres et spatiaux.

Des gros moyens mis en oeuvre :

Cette année géophysique sera marquée par une débauche de moyens mis en place par les grands pays du monde : construction de bases, lancements de satellites pour les plus spectaculaires. Douze pays installeront 48 bases en Antarctique, et quatre pays (dont la France) installeront même des bases à l'intérieur du continent, malgré les énormes difficultés liées à l'isolement et au climat. A peu près toutes les disciplines ayant un rapport avec la géophysique seront étudiées : météorologie, géomagnétisme, aurores polaires, ciel nocturne, activité solaire, rayons cosmiques, longitudes et latitudes, glaciologie, océanographie, gravimétrie.

Trois pays à la pointe :

Les États-Unis vont construire de véritables villes en Antarctique, avec l'efficacité qui a fait la réputation de ce pays : la base de Mc Murdo, leur base principale, la base Amundsen-Scott, située exactement au pôle sud géographique, et la base Byrd, sur la Terre Mary-Byrd.

Les Russes ont également édifié de nombreuses bases, à la fois le long de la côte (comme Mirny) et dans l'intérieur des terres (comme Vostok).

Les Français, sans avoir les moyens gigantesques des deux "grands", vont avoir une contribution importante dans le projet. Elle sera détaillée plus loin.

Des découvertes majeures :

A l'occasion de cette année géophysique seront réalisées des découvertes majeures dans la compréhension de la terre et de l'univers. C'est ainsi que sera découverte la "ceinture de Van Allen", véritable ceinture de particules à haute énergie qui entoure la terres, piégées par le champ magnétique terrestre. On peut citer aussi la découverte et la mesure de l'épaisseur de la couche de glace recouvrant le continent antarctique.

Contribution française :

La France, malgré les difficultés financières toujours présentes dix ans après la fin de la guerre, a effectué un effort très important à l'occasion de cette A.G.I. En effet, deux bases ont été construites : la base Dumont d'Urville, édifiée sur le site de la base de fortune dans laquelle a hiverné l'équipe de Mario Marret en 1952, et une petite base baptisée Charcot, située à l'intérieur des terres, à 300 kilomètres de la côte et à 2400 mètres d'altitude. Cette base a abrité trois hommes pendant toute la durée de l'A.G.I. (Lorius, Schlich et Dubois pendant 10 mois, puis Garcia, Larzillère et Ricou), et était principalement destinée à l'étude de la glaciologie. Elle a été fermée et abandonnée après la fin de l'A.G.I., le 4 janvier 1959.

Les expéditions de l'A.G.I. ont été baptisées de noms particuliers. Ainsi la TA 6, 1955/56 a été appelée en fait S1 (campagne préparatoire de l'A.G.I.). La TA 7 (1956/57) était la campagne S2, et la TA 8 (1957/1958), la campagne S3.

L'expédition S1 (dite "Sud") a été dirigée par Robert Guillard et a contribué à préparer l'AGI, notamment à mettre en place la base provisoire Charcot.

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La base "Charcot" :

Elle était constituée par un corps principal (la "baraque"), construite avec des sections demi-cyclindriques de tôle assemblées bout à bout. Cette forme était étudiée pour résister au mieux à la pression de la neige qui allait s'accumuler petit à petit dessus. A partir de ce corps principal ont été forée des galeries horizontales, destinées à recevoir des appareils de mesure, afin que ceux-ci ne soient pas perturbés par la proximité de la base, avec ses mouvements et sa pollution induite. L'aération de l'ensemble était assurée par des conduits verticaux qui débouchaient à quelques mètres au-dessus du niveau de la neige.

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Les activités : qui mieux que le responsable des opérations pourrait décrire les activités réalisés pendant l'AGI à la base Charcot ?

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Deux plis et une carte de la base "Charcot".
Elle a été dotée d'un cachet spécifique qui a été apposé sur les rares plis qui y ont transité

La carte dessinée par Paul-Emile Victor sur la base Charcot. Il s'agit de la carte PEV la plus rare...

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Dernier jour de l'AGI, sur un plis de la station Charcot

L'A.G.I. à travers la philatélie :

Comme la plupart des pays impliqués dans l'A.G.I., la France n'a pas raté l'occasion de commémorer cet événement par l'émission de timbres.

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Le premier jour connu d'oblitération des timbres T.A.A.F. consacrés à l'A.G.I. est le 8/01/58, mais cette date est rarissime. C'est le lendemain de la date de débarquement, et sans doute seuls quelques plis et cartes personnels on été oblitérés ce jour-là.

Un peu plus courante est la date du 10/01/58, et la date du 15/01/58 est assez répandue.

Bien entendu, cette période a été riche en courrier, qu'il soit philatélique ou réalisé par les participants des missions pour correspondre avec leurs proches. Cela nous a donné des plis très intéressants, et, pour certains, très rares. En voici un petit échantillon.

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Plis personnels avec le rare cachet rectangulaire "Année Géophysique Internationale - IIème expédition antarctique - 1957-1958". Dates précoces pour l'A.G.I. : 15-1-57 et 30-1-57

Pli avec le cachet officiel de l'A.G.I. (en bas) et celui de la 3ème expédition française pendant l'A.G.I. (en haut). La série de 3 timbres de l'A.G.I. a été utilisée seule

Carte postale avec réponse payée d'Allemagne de l'Est, avec complément d'affranchissement en timbre T.A.A.F. et portant le cachet de l'A.G.I.

Pli personnel pour les États-Unis affranchi avec les timbres de l'A.G.I. et un complément de timbres plus anciens. Ce pli aussi porte le cachet officiel de l'A.G.I.

Pli du 21/6/58, avec les deux cachets de l'A.G.I. et celui, beaucoup plus rare, de la MIDWINTER 1958

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Les cartes CAMI :

A l'occasion de l'Année Géophysique Internationale, un film a été réalisé, ayant pour thème l'Antarctique et les activités humaines qui s'y déroulent. Pour le financer, Charles "Gaston" Rouillon, le chef d'expédition, a eu l'idée de faire imprimer et de vendre une carte postale reprenant le dessin des timbres de Poste Aérienne à 50 et 100 F. émis en 1956. Cette carte été dessinée par le dessinateur Robert CAMI, d'où le nom usuel des cartes. Les collectionneurs ont été très intéressés par ces cartes qui leur permettaient de réaliser des cartes maximum avec les timbres de poste aérienne. Ces cartes ont été mises en vente au prix de 1200 F. la paire, revêtues des deux timbres. Elles ont été émises à 8000 exemplaires, dont un petit nombre avec l'adresse des E.P.F. imprimée : EXPÉDITIONS POLAIRES FRANÇAISES / DE L'ANNÉE GÉOPHYSIQUE INTERNATIONALE / 47, av. du Maréchal Fayolle / PARIS - 16e. Certaines ont également été imprimées avec les vœux des EPF à l'occasion de l'année 1958.

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Remerciements de Gaston Rouillon manuscrits sur une carte CAMI

Les cartes "CAMI" ont été éditées à l'occasion de l'A.G.I., afin d'aider au financement d'un film

Certaines cartes ont été éditées avec l'adresse des E.P.F. préimprimée

Carte de vœux "CAMI" adressée par l'équipe de Dumont d'Urville à un ami du Service Météo, et portant la signature des membres de l'équipe : A. Prudhomme (décédé l'année suivante à Dumont d'Urville), René Garcia, Gaston Rouillon et d'autres...

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Carte CAMI oblitérée de la Midwinter 1958 (21/06/58),
signée par Paul-Emile Victor

Carte CAMI oblitérée du 8/1/58,
signée par Gaston Rouillon, Bertrand Imbert et Jacques Dubois

Les suites de l'A.G.I. :

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L'Année Géophysique Internationale a officiellement pris fin le 31 décembre 1958, mais, ayant été une réussite totale, elle a eu des conséquences importantes, qui ont encore des effets aujourd'hui. D'abord, la collaboration de toutes les nations, même en "froid" comme les États-Unis et l'URSS a ouvert la voie à une coopération scientifique permanente, qui continuera en dépit des problème politiques. Elle a aussi abouti à la création et à la signature du Traité de l'Antarctique, déclarant le continent antarctique "Terre de sciences", et le protégeant de la convoitise. Enfin, pour la France, elle a entraîné la décision de continuer à maintenir une présence permanente en Antarctique, ce qui été le cas jusqu'à aujourd'hui.

Anniversaires :

En 1981 a été émis un timbre consacré à la base "Charcot", à l'occasion du 25ème anniversaire de son édification. Pour marquer l'événement, Paul-Émile Victor a fait un dessin à partir duquel a été confectionné un cachet commémoratif.

En 1998, à l'occasion du 40ème anniversaire du début de l'Année Géophysique Internationale, les T.A.A.F. ont tenu à marquer particulièrement le souvenir de cet événement par l'émission d'un timbres et la mise en service d'un cachet premier jour illustré spécial, ce qui a été un événement rare jusque là.

Bibliographie :

Le grand défi des pôles de Bertrand Imbert - Éditions Découvertes Gallimard

Glaces de l'Antarctique de Claude Lorius - Éditions Odile Jacob

Terres extrêmes, la grande aventure des Pôles de Nicolas Skrotzki - Éditions Denoël

Commémoration des années polaires et de l'année géophysique, efforts mondiaux, effort français - Revue du Palais de la découverte n° spécial 28 - Avril 1984

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