Sommairel'Année polaire 2007-2008 La base CONCORDIA
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Le nombre de bases situées à l'intérieur du continent antarctique est très réduit, la plupart sont établies sur les côtes car il est beaucoup plus facile de les approvisionner et le climat y est plus clément que sur le continent où l'hiver est un enfer, avec des vents puissants et une température glaciale. De plus, beaucoup de pays ont choisi de faire des études de biologie et d'océanographie, ce qui implique une situation à proximité de la mer. Par contre, pour étudier l'épais manteau de glace (la paléo-glaciologie), le climat ou le ciel, il faut parfois se rapprocher du pôle sud géographique, et donc se rendre à l'intérieur du continent. Pour le moment, les seules bases ainsi situées loin des côtes sont la base japonaise de Fuji, la base russe de Vostok, au climat rude et difficile d'accès (située près du pôle d'inaccessibilité, elle a le record mondial de froid), et la base américaine d' Amundsen-Scott, situé pile au pôle sud géographique, par 90° de latitude sud. Dans le passé, le France a établi une base lointaine, lors de l'Année Géophysique Internationale, en 1957/58. Il s'agit de la base Charcot, qui n'a existé que le temps de l'A.G.I. Le Conseil des Ministres du 14 février 1990 a approuvé le projet de construction de la base scientifique française, qui doit être érigée sur le site du Dôme C, en secteur australien, à environ 1000 kilomètres de la base Dumont d'Urville (par 74°39'S et 124°12'E). Les recherches scientifiques qui y sont prévues sont principalement axées sur la haute atmosphère, le site de la base étant situé sous le fameux "trou" de la couche d'ozone terrestre, et son atmosphère est très pure du fait de l'éloignement de la côte, et la glaciologie, étant donné le manteau de glace sous-jacent épais de plus de 3000 mètres. Doivent également être étudiées : l'astronomie, la météorologie et la géophysique. La base pourra même servir à l'essai de techniques ou matériels qui seront utilisés sur les plate-formes pétrolières ou dans les stations spatiales. Le Dôme C n'est pas inconnu des amateurs de l'Antarctique, car des forages glaciologiques y ont déjà été effectués dans le cadre du programme I.A.G.P., en 1971. La base est établie à une altitude de 3250 mètres. A l'origine, la mise en service de la base était programmée pour 1994, mais elle n'a été mise en service qu'en 2005, le premier hivernage ayant eu lieu pendant l'hiver austral 2005/2006. La cause principale de ce retard a été les difficultés budgétaires permanentes que connaît la recherche polaire. Afin de pouvoir approvisionner facilement cette base (et aussi de rallonger la période d'été en Terre Adélie), la construction d'une piste aérienne à Dumont d'Urville a également été décidée. Malheureusement, cette piste ne sera jamais mise en service pour les avions d'approvisionnement gros porteurs venant d'Australie. La liaison avec la base se fait depuis la base italienne de Terra Nova Bay et Dumont d'Urville par avion, grâce à une piste aménagée sur le continent, aux abords de la base, pour transporter le personnel, et depuis Dumont d'Urville par convoi de tracteurs et de traîneaux pour le fret lourd. Pendant la saison 1999/2000, ce ne sont pas moins de 410 tonnes de matériel qui ont été acheminées à Concordia par ce moyen.
La base a été étudiée pour abriter une quinzaine de personnes pendant l'hiver austral, et une cinquantaine en été. L'architecture de la base est assez futuriste, en, forme de deux cylindres à toit bombé posés à proximité l'un de l'autre sur des pilotis. Chaque cylindre mesure 17 mètres de diamètre, sur une hauteur d'environ 10 mètres, comprenant trois étages. Cette architecture permet d'éviter ce qui est arrivé à la base Charcot ou à différentes bases étrangères (l'Allemande Neumaier ou la britannique Halley) : l'enfouissement sous la neige qui tombe et qui s'accumule sur tout obstacle qui crée une rupture du flux venteux, et par conséquent entraîne des congères. En montant les bâtiments sur des pilotis, le vent n'est pas contrarié, et la neige ne s'amasse que très peu. Qui plus est, il sera ultérieurement facile de rehausser les constructions en rallongeant les pilotis... Par ailleurs, la forme en "bulle" offre le minimum de surface extérieure proportionnellement au volume, ce qui n'est pas négligeable lorsque l'on sait que la température extérieure descendre jusqu'à -70°C... Le coût total de la construction de la base est estimé à environ 23 millions d'euros (150 millions de francs). Pendant la construction de la base, les équipes et les scientifiques étaient abrités dans des structures provisoires, en forme de demi-cylindre, qu'on peut voir, stylisée, sur le timbre émis à l'occasion du programme EPICA :
Ci-dessous, une série de photos montrant l'évolution de la construction des structures des deux parties de la base. Un grand merci encore à Jean-Pierre Auberger pour me les avoir confiées !
Il y a d'autres choses révolutionnaires dans cette base, comparé aux autres bases de l'antarctique : - tous les déchets sont recyclés (c'est ainsi que les fûts contenant le carburant pour la centrale électrique sont réutilisés, une fois vides, pour rapatrier les déchets de la base vers Dumont d'Urville, et de là vers l'Australie). - les fonctions techniques (production d'électricité et d'eau douce) sont gérées par ordinateur - Le bâtiment "technique" est construit suffisamment loin du bâtiment "scientifique" pour que les émanations de fumées et d'air chaud de la centrale électrique ne perturbent pas l'observation de l'atmosphère. Les bâtiments "vie" et "scientifique" sont reliés par un tunnel. - Enfin, évolution majeure par rapport au passé, cette base a été prévue, dès sa conception, pour être une base internationale, l'Italie participant largement à son étude, à sa construction, à son exploitation et à son financement. C'est pourquoi la base a été baptisée CONCORDIA. Depuis 1992, les convois de l'IPEV et de l'ENEA italienne ont acheminé sur le site le matériel nécessaire à la construction de la base et aux recherches scientifiques menées en parallèle. Ces raids sont très difficiles, car, malgré la période estivale, ils sont soumis aux aléas d'une météo rude et capricieuse. Encore heureux que l'époque des traîneaux à chiens ou des "Weasels" soit révolue, et qu'à présent, les missions disposent de confortables tracteurs tout-terrains (du type Challenger, de Caterpillar)!
Depuis cette date, les raids se succèdent à raison de deux ou trois chaque saison d'été, de même que les liaisons par avion depuis ou vers les bases de Terra Nova et Dumont d'Urville. A partir de 1995, le programme glaciologique européen EPICA (European Project for Ice Coring in Antarctica) s'est poursuivi sur le site, et des scientifiques de divers pays y ont collaboré (Allemagne, Belgique, Danemark, Italie, France, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède et Suisse). Ces travaux ont été menés en parallèle avec la construction de la base.
Quelques plis significatifs de la base CONCORDIA et du projet EPICA :
Les activités scientifiques sont à présent à plein régime, et notamment les observations astronomiques, pour lesquelles Concordia est idéalement située. L'Année Polaire Internationale a également apporté son lot de programmes de recherches.
A noter le cachet des coordonnées géographiques de la base, sur le même principe que ceux des 4 autres bases des TAAF. Il s'agit de la première date à laquelle on voit apparaître ce cachet.
Début 2005 s'est terminée la mission scientifique menée conjointement avec la construction de la base, la mission glaciologique européenne EPICA. Le forage a atteint la profondeur de 3270 mètres sous la surface de la glace !
Premier hivernage ! A l'issue de l'hivernage "test" de 2005, la base Concordia a été officiellement inaugurée, et un timbre commémoratif a été émis à l'automne 2005. Un "loupé" de La Poste a fait que ce timbre a été mis en vente par erreur dès le début de l'année 2005. Il est à noter cependant que la base Concordia ne pourra jamais avoir de gérance postale, ou en tout cas de cachet à date spécifique, car elle ne se trouve pas sur le territoire de la Terre Adélie, mais en zone internationale, revendiquée par l'Australie...
Ce premier hivernage a donné lieu à des pièces philatéliques très intéressantes, un grand merci encore aux hivernants !
Les activités techniques et scientifiques donnent lieu à des cachets et à des signatures :
Astronomie et étude des micro-météorites
Un autre cachet "Astronomie"
Participation Belge...
Observatoire magnétique et VAPEPOL
Liaison aérienne par bimoteur Twin-Otter depuis Dumont d'Urville ou la base italienne Mario Zucchelli
Un autre cachet d'une liaison avion entre Mario Zucchelli et Dumont d'Urville (réalisé à l'imprimante)
Bonne Année ! Transmise par Georges Gadioux, une carte de vœux du deuxième hivernage à Concordia, en tirage limité à 300 exemplaires. A noter la mention du record de froid atteint le 6 septembre 2006 : - 80°C !!!...
2007, les activités continuent !
Fin 2007, le troisième hivernage commence...
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