SommaireUne année en Terre Adélie l'Année polaire 2007-2008
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Une année à Dumont d'Urville...
En Antarctique, les saisons sont inversées, et le premier de l'an est une période très active, car cette période correspond à la belle saison, et donc à la plus grande activité scientifique et technique. Je ne considérerai donc pas le 1er janvier comme début de cette année "polaire", mais je prendrai plutôt la date de la première arrivée du bateau de relève, après l'hiver. Ce retour a lieu vers le mois de novembre, ou début décembre, selon les années. Généralement, à cette époque, le pack est encore trop dense pour permettre au bateau d'arriver jusqu'à la côte de Terre Adélie, lors de cette première rotation. C'est donc par hélicoptère que les premiers scientifiques de la campagne d'été, et les sacs de courrier sont acheminés à la base, avec lors du vol retour l'embarquement des hivernants devant rentrer rapidement en métropole, et les cas du courrier accumulé pendant l'hiver, dont une très grande part de courrier philatélique. Hélitreuillage de matériel destiné à la base ("sling")
Arrivée à Pointe Géologie
Au départ du bateau, et comme les jours rallongent, les travaux peuvent commencer. Ces années-ci, la grande affaire à Dumont d'Urville est la mission EPICA (forage glaciaire sur le site du Dôme C), et l'édification de la base franco-italienne CONCORDIA, sur ce même site. Le premier raid vers ce site débute donc très tôt dans la saison, afin d'amener à pied d'uvre les scientifiques et les techniciens. Plusieurs raids seront nécessaires pour acheminer les matériels nécessaires à la construction. Pendant ces raids, des études scientifiques sont également menées.
Les scientifiques sont amenés à pied d'uvre par avion, depuis la base de Dumont d'Urville, ou celle, italienne, de Terra Nova Bay.
Pendant ce temps, à Dumont d'Urville, l'activité bat son plein, car les jours de temps clément sont comptés. Les recherches scientifiques, parfois menées avec le soutien du bateau de relève, ou l'hélicoptère de la base, sont réalisées selon un programme établi de longue date, et approuvé par l'Institut Français de Recherche et de Technologie Polaire (I.F.R.T.P.). Le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (S.H.O.M.) a mené une campagne de cartographie des côtes de la Terre Adélie, les cartes utilisées datant encore des expéditions de 1950, voire de Dumont d'Urville. Les nuits de plus en plus courtes favorisent les activités extérieures.
Bien entendu, et comme dans chaque ville, il y des professions qui, sans être spécifiques au milieu polaire, sont néanmoins indispensables, et encore plus que chez nous : médecin, cuisinier, plombier, etc...
Parfois aussi, une mission étrangère vient prendre part à l'activité de la base, qu'elle reste pendant toute la campagne d'été, comme par exemple la mission belge "COLD ENZYMES" qui vient en Terre Adélie depuis plusieurs années, ou de passage, comme les Américains des missions météorologiques DEEP FREEZE, qui ne font que passer, à bord d'un brise-glace des garde-côtes US.
Pour corser tout çà, il y a aussi les missions d'inspection du traité de l'Antarctique et les bateaux de touristes Parfois, les "Adéliens" ont même droit à des visites "officielles" !
Pendant ce temps, bien entendu, les habitants de Dumont d'Urville n'ont guère de temps pour traiter le courrier philatélique. Seuls moments forts, la préparation des dépêches pour le départ du bateau (il y a 4 à 5 rotations par saison), et, bien sûr, les "premiers jours" des nouvelles émissions de timbres T.A.A.F., en début d'année, la plupart du temps le 1er janvier. Les philatélistes représentent un apport financier important dans le budget des T.A.A.F., aussi le Territoire prend soin d'émettre chaque année une nouvelle série de timbres, parfois sans modération (ni rapport direct avec les T.A.A.F.), qu'il y ait eu changement de tarif ou pas ! Le travail considérable qui échoit au Gérant Postal, et à toute personne de bonne volonté prête à l'aider, consiste à préparer ces fameux plis "Premier Jour", pour le collectionneurs, mais aussi pour les négociants et les éditeurs de plis PJ. Heureusement, les timbres sont parfois déjà collés sur les enveloppes, pour les plis venant par l'intermédiaire du Service Philatélique de La Poste Par contre, pour les plis des collectionneurs, tout est à faire : vérification de l'affranchissement, vérification du paiement, collage des timbres, oblitération, parfois mise des cachets divers et variés demandés sur le pli, etc. Vous trouverez des renseignements sur la réalisation de ces plis sur la page "Collection".
Nous sommes à présent au mois de janvier, et les membres de la mission d'été, ainsi que les hivernants de la saison précédente qui sont encore à Dumont d'Urville pensent déjà au retour en France. Le dernier raid de Dôme C rentre, avec les techniciens et les scientifiques, et les engins sont mis au garage, en attendant la prochaine belle saison.
Le bateau de relève quitte pour la dernière fois la Terre Adélie, laissant derrière lui l'équipe d'hivernage, qui restera isolée du monde, quoi qu'il arrive, pendant près de neuf mois. La mer commence à geler, et le bateau doit partir avant d'être emprisonné, et condamné à passer l'hiver ici !
Le calme est revenu sur la base Dumont d'Urville. Néanmoins, les travaux scientifiques se poursuivent, avec les chercheurs qui vont hiverner ici. Un des temps forts de l'automne austral et le retour des manchots empereurs. Après s'être copieusement nourris en mer pendant l'été, ceux-ci reviennent sur leur lieu traditionnel de ponte afin de perpétuer la race. Rappelons que l'archipel de Pointe Géologie, où est établie la base, est le site d'une des plus grandes rookeries de manchots empereurs de l'Antarctique. C'est d'ailleurs pour cela que cette base a été édifiée en 1952.
L'hiver arrive à grands pas. La mer est à présent complètement prise par les glaces, à perte de vue. Les jours raccourcissent de plus en plus, jusqu'à disparaître complètement. Tout le monde est cloîtré la plupart du temps dans les bâtiments de la base, si ce n'est pour aller effectuer des mesures météorologiques, ou rejoindre d'autres bâtiments de la base. Le climat n'incite pas à s'attarder pour dehors pour admirer le paysage ! Mais une certaine fébrilité commence à gagner tous les hivernants, à mesure que le milieu de l'hiver approche. En effet, le 21 juin, milieu de l'hiver, donne lieu à une fête traditionnelle des polaires, la MIDWINTER. Cette date, marquant le milieu de l'hivernage est fêtée depuis le début des hivernages, et à Dumont d'Urville, il ne saurait être question de s'y soustraire. Alors, le Chef met les petits plats dans les grands, chacun prépare une partie du spectacle qui sera donné, on décore la salle commune de superbe manière, et les agapes peuvent commencer !
On n'oublie pas, cependant, que la Midwinter est avant tout le jour du solstice d'hiver, lorsque l'apparition du soleil est la plus courte de l'année...
L'hiver se poursuit, mais, note optimiste, le jour refait son apparition, d'abord très timidement, puis plus franchement, signe de l'approche de la belle saison, et avec elle, la débâcle de la banquise, et le retour du bateau, porteur de nouvelles et de nourriture fraîche, sans parler des camarades qui viendront briser la monotonie des jours sans soleil !
Si vous êtes intéressé par la vie dans la base Dumont d'Urville tout au long de l'année, je vous invité à aller voir le journal en ligne d'un ancien hivernant de la mission TA 47 (1996/1997). C'est un récit très intéressant et vivant ! Vous pouvez le trouver ici.
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